Bibliothérapie adaptée au public déficient visuel

Dans le cadre d'un atelier de bibliothérapie adaptée au public déficient visuel, la concentration, l'imagination, l'écriture, la lecture voire le dessin sont des facultés utilisées pour favoriser la création personnelle de la même façon que pour un public lambda. La différence repose en ce que l'individu déficient visuel aura besoin d'être accompagné et d'avoir des outils adaptés pour qu'il participe de la même manière qu'autrui à ce type d'atelier.

D'un point de vue technique, le jeune malvoyant qui écrit et lit aura besoin, selon ses capacités visuelles, de feuilles et de lignages adaptés et probablement de matériels de compensation. De son côté, le jeune aveugle utilisera un terminal braille ou une Perkins pour écrire, lire ses créations et d'une imprimante s'il souhaite partager ses écrits. L'utilisation d'illustrations pourra se faire au moyen de dessins colorés voire à l'aide de matériels de création tactiles.

D'un point de vue cognitif, pour susciter la création, les émotions passent en majeure partie par le visuel [Je mets volontairement entre parenthèses ici les émotions psycho affectives]. Mais lorsque la vue est altérée voire inexistante, on trouvera d'autres alternatives comme le toucher, l'ouïe, l'odorat, le goût. Pour illustrer mon propos, différentes techniques seront utilisées par le toucher : au-delà de leur forme, les objets réels (ex : une pomme) dégagent en plus une odeur, un goût voire pour d'autres cas un son. Les objets représentatifs (ex : une petite voiture) sont réalisés avec des textures équivalentes voire proche de la réalité. Les schémas ne seront pas en 3D car le volume sur support papier ne signifie rien pour les personnes aveugles car trop complexes en termes de représentation mentale et spatiale. L'utilisation de la description sera utilisée en dernier recours mais ce type d'accompagnement adapté ne permettra pas à l'individu de ressentir autant d'émotions que par un vécu personnel.

Ainsi, tout ce qui vient d'être énoncé, suppose évidemment que le bibliothérapeute doit être doté en amont d'un grand nombre d'ustensiles variés pour accompagner un public déficient visuel. Il doit également avoir des connaissances solides dans le domaine de la malvoyance et de la cécité. Car, au-delà d'une thérapie qu'offrent les livres auprès des jeunes, il faut prendre en compte tous les aspects qui émergent du handicap visuel : chaque enfant a sa particularité visuelle, psycho affective et son histoire. D'où l'importance d'un travail en partenariat avec des éducateurs spécialisés, psychologues, enseignants, etc.

Florence Gonçalves, Bibliothérapie et accompagnement adapté au public déficient visuel, Janvier 2024